lundi 17 décembre 2012

Mon cher gégé...

Mon cher Gégé,

Putain, ils sont durs avec toi. Non, vraiment, je trouve qu'ils exagèrent. Te rouler dans la boue comme ça, je trouve que ça se fait pas.
Tu n'es pas n'importe qui bordel! Tu es Gérard Depardieu! 
L'ambassadeur de la culture française à l'étranger! Tu veux une preuve? Demande à un américain quel est son acteur français préféré, et il répondra invariablement Alain Delon (qui réside en suisse depuis des années) ou Géwawd' Dipawdiou. Toi quoi. C'est pas rien tout de même. C'est typiquement français ce type d'attitude ingrate. Tu fais tout pour un pays, tu le rends célèbre dans le monde entier, et voilà comment on te remercie. En te faisant payer des impôts. Si c'est pas scandaleux ça! Je comprends que tu en sois tombé de ton scooter. 

Je suis de tout cœur avec toi. Tu as mon indéfectible soutien. C'est que tu vois Gégé, tu es mon acteur préféré. La finesse de ton jeu, la palette sans fin des émotions que tu fais passer me font invariablement frissonner. Tu es LE cinéma français. Sans toi, il n'existerait pas. La preuve, tu as tout de même cumulé  210 180 600 d'entrées au ciné dans toute ta carrière. Bon en même temps, tu me diras que c'est pas difficile de faire autant d'entrées quand on voit que tu as tourné dans approximativement 793 539 543 films depuis tes débuts. 
Tout comme toi, cette image se passe de commentaire.
Mais tes talents ne s'arrêtent pas là. Tu es aussi le principal moteur de l'économie mondiale. L'industrie viticole ne peut pas se passer de toi. De même que le marché de l'immobilier (qui d'autre à part toi a les moyens de s'acheter une maison de nos jours?). Sache que je milite à fond pour qu'on rebaptise la rue du cherche midi "Rue du cherche Gégé". N'hésitez pas à m'envoyer vos dons. 

Non, vraiment, Gérard. Tu es ma Tour Eiffel, tu es ma France. Chaque fois que je vois ton pic, ton cap, ta péninsule couperosé d'alcool et ta vessie incontinente se faire les ambassadeurs décontractés du gland de notre beau pays, j'ai envie de chanter la marseillaise. Tes doubles titres de chevalier (ordre national du mérite et légion d'honneur) ne sont pas usurpés. 

Tu ne peux pas nous quitter Gérard. Non, tu peux pas me faire ça. La Belgique ne te mérite pas. Reste chez nous. J'ai pensé à tout. 

Oui, tu vois j'ai une proposition à te faire. Tu ne veux plus payer d'impôts? J'ai la solution. Simple, rapide, efficace. C'est même complètement idiot de ma part de ne pas y avoir pensé avant. On fait un échange. Tu vois, moi, je ne paye pas d'impôts. Juste ma taxe d'habitation et la redevance. Je te propose donc te te décharger de tout ce que tu as à payer. Les 85% de tes revenus qui partent dans les caisses de l'état, je m'en occupe. Je fais ce sacrifice. Et cerise sur le gâteau, je le ferai avec le sourire. Et toi, en échange, tu prends mon SMIC. 

Tu verras, tu resteras en France. Parce qu'une fois que tu auras payé tes 500 euros de loyer pour un studio vétuste, ton d'EDF, tes courses, le crédit que tu as pris pour te permettre de rembourser le crédit auto de twingo tombée en rade, tes aggios, et tes factures diverses et variées pour des petits luxes comme avoir une mauvaise vue ou des dents pourries, tu n'auras même pas de quoi t'offrir un ticket de métro. Tu n'auras pas besoin non plus de rendre ton passeport en grande pompe, tout simplement parce que tu n'en auras pas: un passeport, c'est 86 euros de timbre fiscaux. Je te mets au défi de trouver le moindre smicard qui aurait 86 euros de rab à la fin du mois. Du coup c'est cool, parce que je sais pas si tu t'es déjà engagé auprès des restos du cœur, mais grâce à ma proposition, tu pourras nous dire si c'est vraiment efficace quand on passe de l'autre côté de la barrière. Tu trouves ça peu? Ne t'inquiète pas mon bichon, j'ai appris ce matin que j'allais être augmentée de 3cts de l'heure. Putes, cokes et jet privés!

Je trépigne de lire ta réponse (forcément positive, je vois pas comment tu pourrais refuser).

15% tienne, 

Almira
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dimanche 9 décembre 2012

Vous trouvez ça normal?

J'imagine.

Je suis abonnée au nouvel obs. J'imagine que j'ouvre ce matin ma boite aux lettres, et que j'y trouve mon magazine. J'imagine que comme chaque semaine, j'y trouve le supplément TéléObs. J'imagine que comme à chaque fois, je le trouve fort peu attrayant, mais comme chaque fois, je me dis que quand même c'est bien pratique, ce supplément. J'imagine qu'il va finir par passer sa semaine comme tous ses prédécesseurs sous mes télécommandes, et que je le feuilletterais distraitement les soirs ou je serais prise d'une irrépressible envie de regarder la télé sans pour autant avoir une idée du programme devant lequel j'aurais envie de m'abrutir.

J'imagine qu'au moment ou je m'apprêterai à le ranger à cette place, je serais prise d'une urgente envie. J'imagine que je me rendrais là où je dois me rendre avec le TéléObs. J'imagine que celui qui n'a jamais lu le programme télé aux Wawas me jettera la première pierre. 

J'imagine que je le feuilletterai d'un oeil distrait sans vraiment m'arrêter sur les articles. J'imagine encore une fois que le premier qui lit les articles de TéléObs avec une attention soutenue aux wawas me jettera la seconde pierre.

Mais ce que je n'arrive pas à imaginer, même en mobilisant toutes mes ressources, même en me concentrant très fort, c'est tomber entre le lundi et le mardi sur une pub anti IVG. Pourtant, de l'imagination, j'en ai. En abondance. A revendre. A l'excès. 

Non, ça je ne peux pas l'imaginer. Pas dans un pays ou je croyais acquise la liberté des femmes de disposer de leurs corps. Pas dans un pays où je pensais que le droit à l'avortement était un droit fondamental et inaliénable. Pas dans un canard qui publia fièrement le 5 avril 1971 le manifeste des 343. Pas dans un canard qui publia le 21 novembre 2012 un manifeste contre le viol. 

image via @sbajos
Et pourtant. J'ai beau me pincer, je ne rêve pas. En pleine page, on me demande si je trouve ça normal. 

Vous voulez savoir? Non, je ne trouve pas ça normal. Et oui, ça me pose un vrai problème. Ce que m'évoque cette image c'est un dangereux retour en arrière, qui s'arrêtera sur ces tables de cuisine où nos arrières grand-mères, nos grands-mères et parfois nos mères ont souffert le martyr, et ont perdu la vie entre les mains de faiseurs d'anges. Cette époque où les femmes n'étaient pas même propriétaires de leurs ventres. Cette époque barbare que je regarde, l'épouvante dans les yeux, mais le soulagement dans le coeur, parce que ouf, au moins, je n'aurais pas à me battre pour ça.

Je pensais que j'étais libre. Que j'avais le choix. Que je pouvais prendre mon destin en main. Je pensais que le mouvement logique de nos société était le progrès. Après tout, on est le pays des lumières? Celui des droits de l'homme? Je n'ai pas dû voir le moment où on a appuyé sur le bouton rewind. Je n'ai pas vu que l'obscurantisme était si près de nous qu'il avait réussi à se faire une place bien au chaud, à la gauche de Michel Drucker dans mon programme télé. Je n'avais pas vu qu'il se monnayait dans les services commerciaux des plus grands organes de presse française, qu'il s'achetait, comme on achète du Danone ou du CocaCola. 

D'aucuns me diront "oui, mais la liberté d'expression alors". Certains sont contre l'avortement. C'est leur droit le plus strict. Mais venir afficher leurs conviction en pleine page, c'est comme coller un pro-vie inquisiteur entre mes cuisses. Et ça c'est hors de question. J'ai le droit d'avorter. Je le revendique. Je ne reviendrais pas dessus, et vous non plus. L'histoire et l'actualité nous ont assez prouvé que ce type de revendication sont autant illusoires que mortellement dangereuses. Rien, absolument rien ne justifie que l'on revienne dessus. Il est question de liberté d'expression, mais il est aussi et surtout question de liberté d'exister en tant que femme. 

Alors voilà, je suis en colère. Mon ventre me brûle. Comment un de mes droits fondamentaux a-t-il pu être bradé au prix d'une pleine page d'un magazine TV? Suis-je moi aussi à vendre? Est-on prêts à tout sacrifier pour quelques biftons? Notre liberté? Notre dignité? Notre honneur? 

Chers gens du Nouvel Obs, nous savons tous que les temps sont durs, et que la faim justifie les moyens. Mais depuis quand avez vous changé au point de vendre vos compagnes, vos mères, vos filles, vos épouses, vos âmes?

 

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vendredi 30 novembre 2012

Lettre à mes couilles

Mesdemoiselles,

Je n'ai jamais eu l'honneur de vous rencontrer. Et pour cause. Alors que mes gènes étaient en cours d'organisation, vous avez décidé de passer votre tour, laissant votre place à mon abricot. Vous êtes alors allées vous réfugier dans le slip de quelqu'un d'autre.

Je ne vous en veux pas. J'aime bien être une fille. Malgré les règles douloureuses, et mes seins qui réussissent l'exploit d'être trop petits et de néanmoins me faire mal dès que je me mets à bouger un peu trop fort. J'irai même plus loin: ce que j'aime le plus dans ma féminité, c'est collectionner les clichés genrés. J'aime mettre du vernis à ongles et des chaussures à talon. J'aime passer des heures à m'occuper de mes cheveux (que j'ai longs et doux, forcément). J'aime les jolies robes, les produits de beauté, et les échantillons de parfums. Je pourrais à priori me contenter de mon sexe et ne jamais penser à vous.

Malheureusement, plus le temps passe, moins j'y arrive. Même si pour rien au monde je ne changerai d'entrejambe aujourd'hui, je peux pas m'empêcher de penser que si vous aviez décidé de vous pointer en lieux et place de mon vagin, les choses auraient été plus simples.

Parce que ce n'est pas facile d'être une fille de nos jours. D'autant plus quand comme moi on est adepte de l'équité.

Je ne suis pas féministe. Du moins je n'en ai pas l'impression. Je n'adhère à aucune association. Je ne connais que très succinctement l'histoire de ce mouvement, ma culture dans le domaine reste très limitée. J'ai juste beaucoup de mal avec les injustices, surtout quand elles ont soit disant été réglées quand nos mères ont brulé leurs soutifs dans les années 70, et qu'il ne se passe pas une journée sans qu'une preuve du contraire soit avancée. Pourtant, chaque fois que mon chef de service qualifie cette collaboratrice de mal baisée et que je lui répond que sa froideur professionnelle n'a rien a voir avec sa sexualité, on me répond que je n'ai aucun humour. Chaque fois que je m'insurge de ces jeunes cons qui pour parler de l'intérêt qu'ils portent à une demoiselle disent "si je la choppe, je la viole", on me rétorque que c'est pas grave, parce que c'est des gamins. Chaque fois que je me mets à gesticuler devant ma télé parce que pour vendre des montres deux jeunes femmes à moitié nues se collent contre un homme au regard lubrique, on me dit que j'en fais trop. Quand j'ai été scandalisée qu'on me demande en entretien d'embauche si j'envisageais de faire des enfants, on m'a rétorqué que c'était plutôt classique et donc pas alarmant. Si c'est féministe que d'avoir le poil qui se hérisse de ce genre d'inégalités rétrogrades, alors peut être que finalement si, je suis féministe.





vous pourriez très bien être là.

Mais voyez vous, mesdemoiselles, chaque jour qui passe, j'ai l'impression que le fossé se creuse entre nous et ceux qui ont l'honneur de vous sentir bien au chaud entre leurs cuisses. Je ne veux pas qu'il y ait de guerre entre nous. Au contraire, je ne demande que de l'amour, universel, équitable et partagé. Ça paraît tout con comme souhait, mais j'ai l'impression de demander la lune. Au quotidien, je ressens cette hiérarchie des sexes. Au bureau, dans la rue. Devant ma télé, sur l'écran de mon ordinateur. C'est parfois franc et massif, comme quand les auteurs de viols collectifs et avérés sur des mineures ont été condamnés à des peines honteusement faibles. C'est parfois plus insidieux, comme quand mon responsable me dit "vous les filles, vous y connaissez rien en informatique" (je m'empresse alors de changer de sexe pour réparer les multiples bugs de sa machine). Parfois, je ne m'en rends même pas compte, comme lors de ces nombreuses soirées mixtes ou les filles se retrouvent à ranger quasiment inconsciemment pendant que les garçons continuent à siroter leurs bières comme si de rien n'était. Ça peut être carrément pervers comme lorsque j'entends les mères comblées de mon entourage me rappeler que notre présence ici bas n'est conditionnée que par notre capacité à procréer: "tu n'es une vraie femme que quand tu as pu donner la vie" aiment elles à répéter. Parfois, c'est ridicule, comme quand un ex mannequin débridé a viré sa cuti en épousant un président de la république avant d'affirmer qu'on a pas besoin de féminisme. Parfois c'est gênant comme ces mauvaises blagues qui circulent sur les dommages et intérêts touchés par Nafissatou Diallo dans le cadre de l'affaire DSK et qui la font passer de violée potentielle (je n'étais pas dans la chambre d'hôtel, je ne sais pas ce qui s'y est passé) à prostituée avérée la plus chère de l'histoire. Et parfois, c'est blessant et humiliant comme quand des deux policiers (dont le métier est d'assurer notre sécurité et notre intégrité et d'être exemplaires) ne sont condamnés qu'à des peines de prison avec sursis pour avoir violé une femme (et que cette femme ait été une prostituée n'est qu'un point de détail qui ne devrait même pas être mentionné). Je ne sais pas d'où vient ce sexisme insidieux et puant, mais je sais que même s'il existe depuis des siècles voire des millénaires, il est culturel (et pas hormonal, n'en déplaise à ceux qui vont vouloir poser cette lettre sur le compte de mes menstrues) et malheureusement très bien entretenu par les hommes comme par les femmes dans toutes les couches de la société. Je sais également que nous et vos propriétaires sommes différents. Mais cette différence ne nous empêche en aucun cas d'être égaux, bien au contraire. Après tout, nous venons de la même souche, non?

Si vous saviez à quel point c'est désagréable de devoir assimiler ce qui semble être une évidence dans nos sociétés occidentales à une lutte! Si vous saviez à quel point c'est fatiguant d'avoir l'impression de devoir se justifier de vouloir ne plus être traité en fonction de son sexe en brandissant les poings au quotidien!

Peut être allez vous dire que je suis une grande utopiste, mais je rêve de ce monde ou notre valeur, notre éducation, la manière dont on est considérés et traités ne se fera plus en fonction de votre présence dans nos anatomies. Vous et nous, on pourrait alors vivre dans la plus parfaite des harmonies (je sais que vous savez qu'on peut bien s'amuser ensemble), et ce consacrer enfin à de vraies causes qui mérites qu'on se battent pour elles.

Je vous embrasse pas, on est en public, et il y a peut être des enfants qui regardent...
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mardi 27 novembre 2012

Chère Carla

Chère Carla Bruni. 

Je cherche mes mots. Comment te dire ce que j'ai sur le coeur sans te vexer? Comment t'avouer le fond de ma pensée sans que tu le prennes mal? Laisse moi réfléchir une seconde...

Ah oui, c'est ça. 

Ta gueule.

En toute simplicité. Ferme la. Voilà.

Ca fait longtemps que je te connais Carla. C'est d'ailleurs pour ça que je me permets de te tutoyer. Quand j'étais petite, j'admirais ta plastique capturée par le papier glacé des magazines de ma mère. Puis, j'ai suivi de loin en loin certaines de tes amourettes, avec parfois une pointe de jalousie (Mick Jagger quand même!). Encore un peu plus tard, j'ai acheté ton album. Je l'écoutais en boucle. Je t'aimais bien, voir même plus, je t'admirais. Un mannequin intello de gauche qui assume sa sexualité, son mode de vie, ces passions. Je te trouvais rock n roll. Je n'irais pas jusqu'à dire que je m'identifiais, mais quand même!
 
Puis petit à petit, je me suis un peu désintéressée de toi. J'ai écouté d'une oreille tes albums suivants avant de passer à autre chose. C'est qu'ils cassaient pas trois pâtes à un canard, tu vois. C'est bien beau d'avoir une voix qui sent le cul et des grands cheveux parfaits, mais c'est pas ce qui va susciter mon intérêt. Alors je t'ai un peu oubliée.
Jusqu'au jour ou j'ai appris que tu fricotais avec notre président de l'époque. Non pas que ta vie sexuelle me passionne, tu couches bien avec qui tu veux. Juste que j'ai eu l'impression pendant un temps d'être une oie que l'on gave à grand renfort de déclarations officielles et d'interventions de Jacques Séguéla. J'avais rien demandé, tu comprends?
Du moment ou tu es devenue Première Dame, tu as commencé à me mettre sacrément mal à l'aise. Je suis pas très à l'aise avec le fait que coucher avec le président puisse donner un tel statut. Qu'il s'agisse d'un président que j'ai choisi ou d'un que je subis. Dans ton cas précisément, j'avais du mal à comprendre ce que toi, l'intello bobo de gauche tu pouvais faire là. Bon après, tu pourras me dire qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, mais avoue que tu nous a fait un sacré volte face. Mais ça ne s'est pas arrêté là. On a commencé à te voir revêtir des tailleurs à la Jackie O et à faire des révérences polies à tous les grands de ce monde. Et s'il est évident que ton époux est a des années lumières de la prestance d'un Kennedy, tu as parfaitement tenu ton rôle de machine à remonter le temps. A chacune de tes apparitions de jolie potiche, je me retrouvais catapultée dans une cuisine en formica à attendre le retour de mon cher et tendre. On peut pas dire que ça me rendait particulièrement heureuse, mais c'est semble-t-il la loi de la démocratie: on élit un président, on doit subir la première dame. 


(à trois j'ai une idée: un... deux... ...)


Quand tu n'as finalement pas été reconduite, j'ai pu pousser un grand nombre de soupirs de soulagement (ne t'inquiète pas, tous ne t'étaient pas destinés). J'étais soulagée. Je ne me sentirais plus obligée de me flageller à chacune de tes apparitions pour me punir de t'avoir un jour appréciée au point d'acheter un de tes albums, puisque apparitions il n'y aurait désormais plus. 
Pardonne moi, j'ai été naïve. J'ai cru que tu partagerais la retraite discrète et dorée de ton époux, et qu'on ne te verrait qu'en de rares occasions à connotation pipolo-caritatives. Et bien non. Il a fallu que tu l'ouvres. Et pour débiter un monceau de conneries plus gros que toi. Je te cite:


Aaaah. Je suis donc ravie d'apprendre que le combat pour la parité a enfin été gagné. Je suis ravie d'apprendre que les hommes et les femmes à compétences et postes équivalents gagnent le même salaire. Je suis ravie d'apprendre que mes seins et mon vagin ne m'empêcheront plus d'accéder aux plus hautes responsabilités. Je suis ravie d'apprendre que les ministres en jupe ne se font plus huer. Je me réjouis d'apprendre que le harcèlement de rue est derrière nous. Je suis soulagée de savoir qu'enfin la question du viol, des agressions sexuelles et du harcèlement a été définitivement réglée. Je me félicite de ne plus avoir à subir des publicités sexistes en 4 par 3 dans les rues ou juste avant le 20h. Je suis soulagée de savoir que mon patron ne me dira plus jamais "mais t'as tes règles ou quoi" si d'aventure je lui réponds un peu sèchement.

Ma chère Carla, que tu kiffes ton statut de bourgeoise casanière, grand bien te fasse. Que tu penses que ta place soit bien au chaud devant ta cheminée en marbre à regarder tes enfants grandit, soit. Mais s'il te plait, garde tes réflexions sur les avancées sociales que nous devons faire ou pas dans ta jarre à cookies en cristal de Baccarat. 

Je t'embrasse pas, j'en ai pas besoin.

Almira
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mercredi 21 novembre 2012

Les liens sacrés.

Dans la série je donne mon avis même quand on ne me le demande pas, et pour continuer à apporter de l'eau au moulin du débat de société le plus important depuis au moins 25 siècles (quand on voit les passions de haine qu'il déchaine), parlons aujourd'hui du mariage.

Pas du mariage pour tous, non. Du mariage pour celui qui veut se marier.

Parce que oui, le mariage est un choix. Enfin, encore faut il l'avoir ce choix. 

Alors se marier, pourquoi faire? 

Si j'en crois mon journal intime de quand j'étais en cinquième que mon visage était ravagé par l'acné et mes dents bardées de métal orthodontique, et que je rêvais de devenir créatrice de longues robes blanches, l'amour. 
Il faut remettre les choses dans leur contexte. A cette époque, ou mon faciès se rapprochait plus du crapaud que de la jeune fille en fleur, je ne rêvais que d'une chose. A mon fier prince, qui m'aimerait enfin telle que je suis, qui pèterait la gueule à tout ces connards qui me jetaient des cailloux à la récré et qui me conduirait jusqu'à l'autel pour fourrer sa langue dans ma bouche avant de me jurer fidélité et amour éternel. A cette époque maudite ou je n'avais pas encore remisé mes Barbie à la seule place qu'elles méritent (le barbecue puis la poubelle), le mariage n'était qu'un évènement. Une parenthèse enchantée, où drapée dans ma robe de satin blanc sertie de perlouses nacrées, tout le monde n'aurait d'yeux que pour moi. Même Dieu, parce qu'il était évident que je me marierai à l'église. D'ailleurs je ne voyais pas l'intérêt de se marier à la mairie, cet endroit chiant où on demande des extraits d'actes de naissance. Je me rêvais en marche nuptiale, en enfants de cœurs joufflus jetant des pétales de roses blanches et en larmes d'émotion. 

Plus tard, j'ai rajouté une ligne à mon mariage. Celui des bébés. Parce que ce qu'il y a de merveilleux avec un mariage princier comme le mien, ce sont les galoches devant les prêtres émus puis les bébés. J'en voulais 24, mais pour ma défense, je ne savais pas encore ce que c'était qu'un bouchon muqueux. 

Encore un peu plus tard, j'ai fait part de mes ambitions matrimoniales à ma mère. Fallait bien que je l'informe, puisqu'elle allait en payer une partie, et que mes ambitions étaient sans cesse revues à la hausse (j'en étais à l'arrivée en calèche, au lacher de colombes et au quatuor à cordes). Ce fut la douche froide quand ma mère m'annonça avec solennité que je ne pourrais pas me marier en l'état à l'église, puisque je n'étais pas baptisée.

Ah putain. 

Tout ce temps, j'avais omis ce détail. Mes parents étaient partis du principe que la religion n'était pas quelque chose qu'on impose, mais quelque chose qu'on choisit. Ils ont donc décidé (bien que venant d'une famille de culture plutôt catholique) de ne pas me baptiser, pour que je puisse faire moi même un choix, en mon âme et conscience, quand le moment serait venu. Il était arrivé ce moment. Ma mère me dit donc que si je voulais me marier à l'église, il fallait que je sois catholique et baptisée, et que dès demain, elle m'inscrirait au catéchisme. Dont acte. Je me rendis donc guillerette à mes premiers cours de catéchisme. Et ce fut la révélation. La religion, du moins celle là, n'était pas faite pour moi. Elle ne répondait pas à mes questions. Sa philosophie ne me convenait pas. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'on m'apprenait, et j'ai vite demandé à ma mère de ne plus m'y emmener. 

"Mais et pour ton mariage?" m'a-t-elle demandé.

Ah ouais, celui là, c'est vrai. Pour me consoler, elle m'a dit que certains prêtres acceptaient de marier des couples même quand l'un des conjoints n'était pas baptisé. Mon rêve de gamine était sauf, je l'ai donc laissé en l'état durant de longues années. 

Puis j'ai grandi. J'ai appris, j'ai lu, j'ai écouté. J'ai forgé ma personnalité. Et j'ai réalisé que la religion n'était pas pour moi. C'est évidemment quelque chose d'éminemment respectable, mais ça n'est pas pour moi. Je me suis découverte un profond et irrémédiable athéisme (même s'il ne faut pas dire "fontaine, je ne boirais pas de ton eau"). Et j'ai expérimenté la vie de couple, pour la première fois. Alors forcément, au bout de quelques mois de papouillages, la question du mariage a été remise sur le tapis. Le garçon m'a dit que son mariage serait à l'église. Je lui ai dit que je n'étais pas baptisée. Il m'a dit que c'était pas grave, que je pouvais le faire, juste pour le mariage, pour faire plaisir à sa famille plutôt tatillonne sur le sujet.

Hors de question. Il est absolument hors de question que je prête serment devant un type auquel je ne crois pas pour faire plaisir. Ce serait mentir dans un lieu ou par essence mentir est proscrit. Je suis athée, mais je respecte profondément les croyants. Et à ce titre, il est absolument hors de question que je me marie dans un lieu de culte en mentant comme un arracheur de dents. 

l'angoisse selon Almira, fig. 1


Restait la Mairie au pire. Mais là aussi, je me suis posé la question. Pourquoi faire? Et j'ai repensé à cet argument dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours: l'INSTITUTION. Le mariage est une institution. On sent bien le vocable bien lourd. C'est une responsabilité. Un engagement. C'est pas un truc pour rigoler. C'est un truc sérieux. Le mariage il était là bien avant toi, et il sera là bien après. Un bon gros bloc de pierre, impossible à secouer. C'est d'ailleurs le seul mode de conjugalité institutionnalisé.  Le mariage est l’acte public et solennel par lequel un homme et une femme s’engagent l’un envers l’autre dans la durée, devant et envers la société, pour fonder ensemble un foyer. Ouais... mais non. Plus je tournais et retournais la question dans ma tête, moins cette définition me convenait. 

Aujourd'hui, je sais. Je ne veux pas me marier. Je ne veux pas d'un engagement qui soit plus lourd que l'amour que je porte à mon conjoint. Je n'éprouve pas le besoin que la société reconnaisse mon union. Je n'ai pas envie d'entrer dans cette institution que je trouve poussiéreuse et inadaptée à ma conception du couple et de l'amour. Je ne suis pas certaine d'avoir cette volonté de me comporter comme une épouse. Et je n'ai pas plus envie que mon mec se comporte comme un mari. Probablement en partie parce que je sais que si mon amoureux et moi on en a un jour besoin ou envie, on pourra demander à monsieur le Maire de nous unir en nous jetant du riz au visage sans trop de difficultés. 

Aujourd'hui, je refuse donc l'institution du mariage. Mais c'est parce que j'ai le droit d'y entrer. De la même manière que je peux décider de ne pas vouloir d'enfants si tel est mon désir. Le droit, et non le devoir. Pour autant, je n'ai pas l'impression d'être une mauvaise citoyenne. Je m’acquitte de mes devoirs, même de ceux qui me font le plus suer. Une citoyenne lambda quoi.

En tant que citoyenne tout ce qu'il y a de plus normale (au sens hollandais du terme), je peux donc décider si oui ou non je peux bénéficier des droits que m'accordent notre république laïque. 

Après, il y a deux autres catégories de citoyens un peu moins normaux que moi. Les homosexuels, puisqu'ils ont moins de droits que moi (mais finalement autant de devoirs). Et les élus, qui ont plus de devoirs que moi (notamment et prioritairement celui de faire respecter et/ou appliquer toutes les lois de la république, où que soit leur conscience) et logiquement tout autant de droit (même si certains s'en accordent des supplémentaires)

 Encore une fois, la notion de "normalité" reste un concept qui aurait besoin d'un bon coup de propre. Et quitte à la nettoyer, autant en profiter pour filer un coup de dépoussiérage à toutes ses institutions discriminantes et d'un autre temps.
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jeudi 8 novembre 2012

vivons heureux, vivons joyeux, vivons gay

Je suis une fille à la générosité sans pareille.

Exemple: tu ne me demandes pas mon avis? Hé bien je te le donne quand même. La générosité on te dit.

Aujourd'hui, par exemple, je vais te donner mon avis sur le mariage pour tous et l'adoption pour les couples homoparentaux. Ça fait longtemps que j'y pense, que ça me travaille. Tu comprends, je ne voulais pas t'embêter avec mes opinions. Mais là, je suis à bout. Nous sommes à quelques semaines de la fin du monde, et je ne peux plus garder ça pour moi. Le mariage pour tous et l'adoption pour les couples homosexuels?

Je m'en tamponne le coquillard.
(ou plutôt, "je m'en claque les escalopes")

Voilà, c'est dit.
Et pour être tout à fait honnête, vous (et par vous j'entends les médias, les politiques, les collègues qui s'indignent à la machine à café, twitter) commencez à me les briser sévère.
Pour ou contre le mariage gay, pour ou contre l'homoparentalité, vous croyez pas qu'on a d'autres chats à fouetter? Genre le chômage, la hausse de la précarité, la crise, les pointes fourchues, les collants qui filent? Vous avez pas un peu l'impression que vous faites tous joyeusement le tour de l'arbrisseau qui cache la forêt de baobabs?

En quel honneur ces deux questions pourraient relever d'un débat national, voire, comme certains le préconisent, d'un référendum?

Un débat national, c'est bien quand il est question d'un fait qui concerne l'ensemble de la population. En l’occurrence, si Jean Roger épouse Bernard, ben ça me fait une belle jambe. Si en plus Claudine épouse Marie Françoise, ça m'en fera une seconde et je pourrais enfin danser la carmagnole.

D'aucuns pourront avancer la question de la norme sociale. Certes. Mais cette norme, elle se base sur quoi? Est ce que ce qui est normal pour moi l'est aussi pour ma voisine? Le mariage par exemple est une institution, à laquelle certains ne veulent pas toucher. La norme, c'est qu'un homme et une femme se marient. Certes, mais dans ce cas là, moi, qui en l’état actuel des choses me sens autant attirée par le mariage que par l'ultimate fighting (bien que vivant en couple avec le sexe opposé), je ne suis pas dans cette norme. Suis je pour autant hors la loi? Bah non mon bon monsieur. Alors pourquoi est il parfaitement toléré que je me refuse à intégrer cette institution, quand on refuse à certains d'y entrer?
D'autres brandissent l'argument de la religion. Messieurs dames croyants, bigots et autres gens de foi, vous comme moi sommes allés à l'école. Vous comme moi savez donc que la France est un pays laïc depuis la révolution française. Or, quand il est question de Mariage pour tous, il n'est pas question de mariage pour tous et partout. Que le mariage homo vous pose un souci, et que vous ne souhaitez pas qu'il soit célébré dans votre culte peut être compréhensible. Mais c'est pas le sujet, puisqu'il est question de mariage CIVIL et donc REPUBLICAIN et donc LAIC.
Il y a ensuite l'argument des dérives. Si on peut se marier avec quelqu'un du même sexe aujourd'hui, le monde va sombrer dans le stupre et la décadence. Mais bien sûr les gars. Et si moi je me marie, je deviens Betty Draper? A croire que tous les homos n'attendent que de pouvoir se marier afin de conquérir le monde à coup de sodomies, de zoophilie, de pédophilie, et j'en passe et des meilleures. Comme si les déviances sexuelles étaient l'apanage des homos et qu'ils n'attendaient qu'une poignée de riz jetée à la sortie des mairies pour les répandre sur le monde. Je vois d'ici Jean Roger se frottant les mais en disant à Bernard:

- Hin hin hin, quand ces crétins de députés auront fait passer la loi sur le mariage pour tous, nous pourrons conquérir la planète à coup de SM et de cuir moulant, mouahahahahaha

Soyons sérieux une seconde. Il est juste question que deux personnes qui veulent se marier puissent le faire. Je n'ai entendu nulle part que la loi obligerait l'intégralité de la population à épouser quelqu'un du même sexe!

Parlons maintenant de l'autre sujet qui fâche. L'homoparentalité. Pour certains, il est évident que si Claudine et Marie Françoise élèvent un enfant, cela finira forcément par en faire un psychopathe assoiffé de sang, ou PIRE, un homosexuel. Par contre, si moi demain je vais me faire sauter dans les chiottes du Macumba night par un inconnu dont je n'aurais même pas vu le visage que je tombe enceinte et que je décide de garder l'enfant, ça ne posera de problème à personne, puis qu'aucune loi ne m'en empêchera.
Il semblerait que le papa et la maman soit la norme (la revoilà celle là), sauf que dans une société ou un mariage sur deux se solde par un divorce, permettez moi de me bidonner. Avoir un papa et une maman, c'est certes ce qu'il y a de plus courant. Mais aujourd'hui, les schémas se multiplient. Il y a les gardes alternées, il y a les un week end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Il y a les parents qui s'accordent et ceux qui communiquent à coup de mains courantes. Il y a ceux qui font ce qu'ils peuvent, et ceux qui s'en foutent. Les choses évoluent et se modifient. Alors une norme? Où ça une norme? Et je me dis que vu les difficultés que rencontrent les homos pour faire des enfants, je ne vois pas comment ils pourraient être de plus mauvais parents qu'un couple hétéro pour qui la chose est biologiquement plus évidente. Après tout, c'est quoi être parent? C'est apprendre à un enfant à être un adulte digne. Je ne vois pas comment et pourquoi deux hommes ou deux femmes pourraient moins bien s’acquitter de cette tâche qu'un homme et une femme.De surcroit, on vit dans une société relativement bien outillée pour parer aux défaillances parentales (qui à mon avis sont exclusivement des problèmes d'individus, et jamais des problèmes d'appartenances à un sexe ou à un autre).

Alors débat de société, mon cul. Quand la loi sur le harcèlement sexuel a purement et simplement disparu et qu'une autre loi a été proposée, ça n'a créé aucun remous nulle part. Pourtant il y aurait eu à débattre, il y en aurait eu des choses à dire. A croire que deux personnes du même sexe qui veulent se marier et avoir des gosses empêchent bien plus à notre société de fonctionner qu'un(e) patron(ne) qui abuse sexuellement de ses employé(e)s. Et il y a bien plus de voix qui s'indignent contre les homos que de voix qui se sont indignées sur le procès de Créteil. Personnellement, je trouve ça extrêmement parlant, et donc foutrement inquiétant.

Tout ça pour dire que oui, le mariage pour tous et l'homoparentalité, je m'en contre cogne. Pour moi tout ceci ne devrait être qu'une formalité. Donc qu'on fasse ce qui doit être fait pour que tout le monde soit enfin logé à la même enseigne et qu'on passe enfin aux vrais sujets de fond.

Merci.
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jeudi 6 septembre 2012

Patientez, nous allons traiter votre demande

Quel que soit l'éducation qu'on a reçue. Quel que soit le milieu dans lequel on a grandi. Quel qu'ait été notre enfance... On est jamais assez bien préparé pour la vie, la vraie. Il y a toujours des épreuves qui nous tombent dessus, comme ça, sans prévenir, comme pour nous tester.
Dans ces cas là, on se retrouve toujours démunis, désarmés. Que faire? Comment réagir? L'expérience ne nous est d'aucun secours. C'est un piège que le destin nous tend, une sorte de petit plaisir sadique. A nous de nous démerder pour nous en sortir la tête haute. Aucune âme charitable ne nous viendra en aide. C'est le retour aux lois de la jungle.

L'une de ces épreuves, et non la moindre, c'est le service client. Mais pas n'importe quel service client. Celui basé à l'étranger. Personne ne peut y couper. Surtout pas moi.

Témoignage.

Il y a de ça deux ans, je décide, dans un élan de folie dépensière, d'acheter un téléphone, qui malgré les 529 786 325 points cumulés chez mon opérateur et la promesse de me réengager chez eux sur 7 générations, me couta la bagatelle d'un RSA. Le vendeur, l’œil aiguisé par son DUT Tech de Co et par l’appât de la commission remarqua mes mains palmées et mes yeux de geek et me tint à peu près ce langage:

- Mademoiselle, ce téléphone est fort joli. M'est avis que d'ici quelques heures, vous l'aimerez plus que votre propre mère. Je me permets donc de vous signaler que ce téléphone est en verre.

(non mais aussi quelle idée de faire un téléphone en verre)

- Oh, mais qu'à cela ne tienne. Passez moi donc l'une de ces housses en plastique judicieusement déguisées en cuir, finies à la truelle, et aussi gracieuses que le visage de la maman de Sylvester Stalone.

- Avec joie. Cela vous fera donc 50 € supplémentaires. Mais laissez moi vous dire que cela ne suffira pas. Imaginez que vous le fassiez tomber dans la cuvette pleine d'urine de vos WC? Ou qu'un chenapan décide de s'en emparer contre votre gré? Ou encore, que cette housse dont la laideur n'a d'égal que l'exorbitance du prix ne remplisse plus ses fonctions?

- OH MON DIEU! Ne me parlez pas de malheur! J'aime déjà cette chose fabriquée par du sang d'africains et de chinois dans des conditions que mon esprit n'ose concevoir plus que certains de mes organes vitaux! Que faire?

(je fondis en larmes, et le vendeur me prêta son épaule bienveillante)

- Ne vous inquiétez pas, jeune donzelle. Nous avons la solution. L'ASSURANCE


- WOHAAAA Dites m'en plus, avant que je défaille!

- Grâce à l'assurance, pour la modique somme d'une semaine de courses à lidl par mois, votre téléphone est protégé contre tout. Avec ça, vous serez invincible, et en plus, cadeau de la maison, c'est redoutable contre les cheveux fourchus et les pointes sèches.

- Oh! Je n'en puis plus! Dites moi sur le champ où signer!

Voilà ce qui s'appelle se faire embobiner en beauté. Mais aussi, il était fort, ce con de vendeur. Un vrai requin.
Évidemment, toute contente de devoir me délester de quinze euros mensuels, je décidai de prendre grand soin de mon téléphone. Pas une rayure, pas un bris, pas un vol, pas une chute dans les WC. Rien. Quand on sait que la gravité est le pire de mes ennemis, ça frise le miracle. Et puis un jour, par une chaude après midi de printemps, je laissai choir malencontreusement mon téléphone, qui d'un coup d'un seul se brisa. Rien de grave, mais la face arrière pris de curieux faux airs de Guernica. Au début, je fus au désespoir. Mon bébé, mon bijou, la prunelle de mes yeux (j'ai pas d'enfants, j'ai pas de chat, laissez moi chérir qui je veux) était tout cassé. Puis je me souvins... L'ASSURANCE...

Je me fendis d'une série de démarches administratives dignes d'une épreuve de confort à Koh Lanta. Mais je ne faillis pas. Malgré les appels répétés au service client qui chaque fois me donnait des informations contradictoires, et les pièces à fournir toutes plus capillotractées les unes que les autres...

Au bout de quelques semaines, n'ayant aucune nouvelle, je m'enquis auprès du sus-nommé Service Client. J'appris que mon appel serait enregistré, que je pouvais, pour plus de simplicité suivre l'évolution de mon sinistre sur internet, que l'appel était facturé 754€ la milliseconde, et que Eric Serra, quand il avait besoin de thunes, vendait les droit de ses morceaux à des compagnies adorant faire attendre leurs clients. Finalement j'eus quelqu'un à l'accent exotique au téléphone:

- Assurance des téléphones portables bonjour

- Bonjour madame je vous appelle parce...

- Votre numéro de client s'il vous plait

- Heu... oui, c'est le 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G. Je vous appelle parce qu...

- Répétez votre numéro de client s'il vous plait

- Heu... 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G. Donc je voul...

- Nom prénom

- Almira Gulsh. G U L S H

- D'accord madame Goulche votre numéro de téléphone

- Mais vous l'avez pas avec le numéro de client?

- Votre numéro de téléphone

- ...euh... 06 07 08 09 10.

- Quelle est votre demande madame Goulche

- Ben je voudrais savoir ou en est le traitement de mon sinistre. Ça fait plus d'un mois et je n'ai pas de nouvelles.

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Goulche

- Oui, ça je sais, mais quand est ce que j'en saurais plus?

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Goulche

- Vous pouvez me donner une date? Un ordre d'idée?

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Goulche

- Ah. Et il n'y a pas moyen d'en savoir plus?

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Goulche

- Ah, bah merci, au revoir

- Nous espérons vous avoir donné entière satisfaction bonne journée.

C'est donc avec la ferme conviction que mon dossier était en cours de traitement que je partis en vacances, faire du camping, que je montai avec brio ma tente Quechua, que je batifolai avec les vaches, et que je démontai ma tente avant de la replier avec le téléphone à l’intérieur.
Ce n'est que de retour à la civilisation que je remarquai la disparition de mon précieux. Panique totale, crise de nerfs, angoisse, terreurs nocturnes, j'en passe et des meilleures.
La panique nous fait forcément faire des trucs idiots et inconsidérés. Je ne fais pas exception à la règle.
Je fis donc une déclaration de perte. Oui je sais. Erreur de débutant. Ça arrive même aux meilleurs. Ce n'est qu'une fois que que la déclaration fut arrivée à destination que j'eus l'idée de déplier en 4 secondes la tente que j'avais déjà mis 7 heures a faire rentrer dans son sac d'origine. Et là, triomphant, mon téléphone en verre.

Ne me sentant plus de joie, je décidai d'informer la compagnie d'assurance, et leur envoyai une déclaration sur l'honneur (excusez du peu) en bonne et due forme. Ravis de cette nouvelle, ils en accusèrent réception. Mais quelques jours plus tard, je reçus un mail fort déplaisant qui disait à peu près ceci:

" comme vous avez perdu votre portable, vous ne pouvez pas nous le présenter. Puisque c'est comme ça, nous décidons de ne plus traiter votre sinistre."

Cela me constipa immédiatement. Afin de me détendre un peu, je décidai de les appeler pour prendre de leurs nouvelles.
J'appris que mon appel serait enregistré, que je pouvais, pour plus de simplicité suivre l'évolution de mon sinistre sur internet, que l'appel était facturé 754€ la milliseconde, et que Eric Serra, quand il avait besoin de thunes, vendait les droit de ses morceaux à des compagnies adorant faire attendre leurs clients. Finalement j'eus quelqu'un à l'accent exotique au téléphone.

- Assurance des téléphones portables bonjour


- Bonjour madame je vous appelle parce...


- Votre numéro de client s'il vous plait


- Heu... oui, c'est le 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G. Je vous appelle parce qu...

- Répétez votre numéro de client s'il vous plait


- Heu... 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G. Donc je voul...


- Nom prénom


- Almira Gulsh. G U L S H


- D'accord madame Gueulche votre numéro de téléphone


-Vous l'avez déjà me semble-t-il, non?


- Votre numéro de téléphone

- ...euh... 06 07 08 09 10.

- Quelle est votre demande madame Gueulche

- Je vous appelle pour voir ou en est le traitement de mon sinistre. J'avais fait une déclaration de perte, mais j'ai retrouvé mon téléphone. Du coup je vous ai fait une déclaration sur l'honneur, vous avez accusé réception, mais j'ai quand même reçu un courrier comme quoi vous ne me changeriez pas mon téléphone parce que je ne l'avais plus en ma possession...

- Je vous mets en attente madame Gueulche pour étudier le dossier


- Madame Gueulche

- Oui?

- Nous ne pouvons pas traiter votre demande car vous avez perdu votre téléphone

- Oui, mais je vous ai envoyé une attestation sur l'honneur comme quoi je l'avais retrouvé, et vous en avez accusé réception par mail.

- Je vous mets en attente madame Gueulche pour étudier le dossier


- Madame Gueulche

- Oui?

- Effectivement votre dossier devrait être en cours de traitement je fais remonter votre dossier au service contentieux pour que votre dossier soit de nouveau en cours de traitement

- Ah d'accord. J'aurais des nouvelles quand?

- Madame Gueulche vous aurez des nouvelles d'ici vendredi

- C'est sûr?

- Madame Gueulche vous aurez des nouvelles d'ici vendredi

Chat échaudé craignant l'eau froide, je préférai partir du principe que la dame-robot-à-l'accent-exotique ne m'avait pas précisé de quel vendredi il s'agissait. Généreuse que je suis, j'en laissai passer trois.

Aujourd'hui, après trois mois passés avec un téléphone mutilé et 45 euros débités sur mon compte pour un service dont je n'ai toujours pas vu la couleur, je décidai de rappeler.

Appel enregistré, 11 centimes,  tapez deux, tapez dièse, tapez étoile, tapez un, nous avons pris en compte votre demande, musique d'attente...


- Assurance des téléphones portables bonjour


- Bonjour madame je vous appelle parce...


- Votre numéro de client s'il vous plait


- Heu... oui, c'est le 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G.Vous voulez que je répète?

- Répétez votre numéro de client s'il vous plait


- Heu... 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G. Donc je voul...


- Nom prénom

- Almira Gulsh. G U L S H

- Numéro de portable madame Shlougue

- 06 07 08 09 10

- Quelle est votre demande madame Gleuch

- Je vous appelle pour le traitement de mon sinistre, celui que j'ai fait le...

- Votre demande de ne pas être traitée vous avez perdu votre téléphone madame Shloug

- Non, justement, je l'ai retrouvé, j'ai f...

- Madame Gleuche il faut faire une attestation sur l'honneur

- Je l'ai fait. C'est ce que j'essaye de vous expli...

- Je vous mets en attente madame Gueulche pour étudier le dossier


 - Madame Kloug vous avez fait l'attestation quelle est votre demande

- Je voulais savoir où en était le traitement de mon dossier, ça fait...

 - Votre sinistre est en cours de traitement madame Glouche

- Vous m'avez dit le contraire il y a deux minutes. Comment je peux en être sûre?

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Cheleug

- Ça fait plus de deux mois qu'il est en cours de traitement, je comprends pas où est le problème!

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Glüch

- J'ai besoin d'en savoir plus!

- Je vous mets en attente madame Gueulche pour étudier le dossier


- Madame Chelugue

- Oui.

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Glüch

- SANS BLAGUE. Qu'est ce qui vous prend autant de temps? C'est un portable, il est cassé, je suis assurée contre le bris, j'ai bien relu mon contrat, je vois p...

- Madame Kleug votre dossier est litigieux

- A BON? Comment? Pourquoi?

- Madame Ghlus vous avez perdu votre portable

- Oui mais j'ai fait les démarches nécessaires!

- Madame Lushg ARRETEZ DE CRIER CETTE CONVERSATION EST ENREGISTREE

- TANT MIEUX

 - Quelle est votre demande madame Chleugue

- Je veux qu'on TRAITE MA DEMANDE

- Madame Sclingue ne me parlez pas sur se ton

- Alors dites moi quand ma demande va être traitée! C'est si compliqué? C'est pas dans vos compétences c'est ça?

- Votre sinistre est en cours de traitement madame Glüch nous ne voulons pas faire d'erreur alors elle est en cours de traitement c'est notre travail on connait très bien notre travail

- ...

- Nous espérons vous avoir donné entière satisfaction. Bonne journée.

Je suis dans le même état que la façade arrière de mon téléphone en verre. Brisée. Cassée. Ils m'ont eus. Je ne sais plus comment je m'appelle. Peut être est ce Lulche? Sgul? ou peut-être 7896ARTD4589ER63698EEAA88963BYI397258225741385G?

Dire que depuis que je paye cette putain d'assurance j'aurais pu m'offrir la semaine de vacances dont j'ai rudement besoin après cette aventure dans l'enfer des services clients...










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mercredi 1 août 2012

Harcèlement de rue.

Quelle merveilleuse idée que celle de cette étudiante du plat pays qui a décidé de faire un film sur cette chose extrêmement banale qu'est le harcèlement de rue.


Quelle affreuse déconvenue de constater les réactions de certains suite à la circulation de cette info, en mode "oh ça va hein les meufs, vous allez pas nous en faire tout un plat non plus"...

Et ben si. Tout un plat. Et avec l'apéro, les entrées, le plat principal, le trou normand, le fromage, le dessert et le café en plus. Resservons nous, ça fait pas grossir.

Oui, les filles se font emmerder par des types dans la rue. Je crois pas que ce soit nouveau. Je pense même que ça existe depuis que les rues ont été inventées. Avant ça, c'était du harcèlement de prairie ou de forêt, mais le principe était le même. Strictement. Pourquoi changer une si vieille recette? Une si charmante gourmandise? Tout simplement parce qu'elle est charmante et gourmande que d'un seul point de vue. Et en général, ce n'est pas celui de la donzelle.

Il y a plusieurs niveau au harcèlement de rue. Le premier, le basique est tristement célèbre. C'est le fameux "hé tsss madmoizelle, vazy comment tié charmaaaante, hé mamzelle, tu m'fait un sourire? hé mamzelle, pourquoi tu réponds pas? ha vazy, salope va!"
En général, on le flaire à 50m. Une bande de jeunes qui se marrent comme des baleines. Toi, en face, tu es seule, ou avec une autre femelle. En général ils sont toujours deux fois plus nombreux. Un quota qui doit les rassurer, je ne vois que ça. Dès qu'ils ont discerné que la silhouette qui arrivait sur eux était féminine, ils commencent à glousser, déjà très satisfaits de ce qu'ils vont te mettre dans la gueule. A moins qu'ils pensent que leur technique soit infaillible, et qu'elle se terminera par une partie de sexe endiablée, la maintenant, tout de suite, à même le DAB Crédit Lyonnais de la rue de la République un samedi à 14h. Comme on le flaire à 50m, on s'y prépare. Quand on peut, on dévie son itinéraire. On traverse la route. Mais des fois, c'est pas possible, ou alors on est tout simplement saoulées de devoir fuir, parce que c'est juste la quatrième fois de la journée qu'on se fait emmerder. Alors dans ces cas là, c'est méthode robocop. Tête droite, regard fixe, enjambées militaires, prêtes à encaisser le "salope" qui tombera forcément. Ma technique? Mon casque audio toujours autour à portée de mains. Ca ne fait fuir personne, mais au moins, ça préserve mes oreilles des insultes et de l'envie de tous les étriper.
Voilà. Ca s'est le coup classique.

Mais il y a aussi le vieux type bourré qui, au moment ou tu sors les clefs de ton sac pour rentrer dans ton immeuble va se glisser entre toi et la porte en te suppliant de l'inviter chez toi, l'haleine chargée de bière et les mains agrippées à tes avant bras. Devant ton refus poli (tu ne peux que refuser poliment, tu as face à toi un mec qui n'en est visiblement pas à sa première cuite, et que la moindre parole déplacée peut faire exploser la cocotte minute), il se fait évidemment plus insistant et resserre son étreinte. Et là, à part regarder ta vie défiler devant tes yeux, tu fais quoi? En général, tu mobilises des ressources insoupçonnées, et tu parviens à rentrer chez toi, mais avec la peur que demain matin, quand tu devras ressortir, le type soit là à t'attendre.

Il y a aussi ceux qui croient avoir une ouverture et qui se glissent dedans comme des bourrins. Je me rappelle de deux histoires qui m'ont fait flipper plutôt fort.

Un soir, de la lointaine époque ou je faisais du sport, je rentrais chez moi, en jogging, mascara aux joues, et cheveux collés de sueur sur mon front. Un homme entre deux âges et costume élégant m'arrête. Méfiante, comme à chaque fois que je me fais aborder dans la rue, je lui demande ce qu'il veut. Rien, juste l'heure. Je lui donne, rassurée et je trace ma route en direction du kebab. Je ressors, la bouche pleine de frites et de harissa, et là qui je vois? Le type de tout à l'heure. Comme c'est charmant, il m'a suivi, il veut m'inviter à boire un café. Je m'énerve, je lui dis de me laisser, et je me taille fissa en direction de chez moi. Quelques minutes plus tard, je me retourne. Qui je vois derrière moi, me faisant des grands sourires et des coucous joyeux? Il me propose de m'accompagner, comme ça, ça me laissera le temps de changer d'avis pour le café. Je m'énerve encore plus fort. Le traite de taré. ça le fait rire. Maintenant, je flippe carrément. Il est 22h, je suis à 10 minutes de chez moi, seule, et rien ne semble vouloir dissuader ce mec de me suivre. Je ne veux pas qu'il sache ou j'habite. Ma seule solution, un mec. Ce constat est tellement plaisant à faire quand on vit aux 21ème siècle et que l'égalité des sexes est pour toi une évidente priorité. Je me rue donc dans le restau très classieux ou travaille mon amoureux de l'époque, entre en trombe, en jogging, transpiration et harissa dans la salle blindée de gens très bien habillés mangeant des mets hors de prix, et je supplie mon mec de sortir dire à l'homme qui fait le pied de grue devant la vitrine de me foutre la paix. Bizarrement, ça a été radical. Pourtant dieu sait si aller jour la demoiselle en détresse auprès de mon amoureux nous a coûté à mes principes et à moi.
Une autre fois, je me suis fait avoir par un mec en fauteuil roulant. C'était il y a quelques années, à Montpellier. Un mec en fauteuil qui t'interpelle? Pourquoi se méfier? Là aussi, l'homme, qui aurait l'âge d'être mon père me propose un café. A l'époque, je n'ai pas encore 18 ans. Poliment, je décline, mais sans pour autant continuer ma route puisque je suis en train d'attendre mon tram. Le tram arrive. Tout en m'inondant de compliments sirupeux, il monte avec moi dans le tram. Sa roue se bloque. Forcément, je l'aide. S'en suit 25 minutes de supplications pour un café. Je ne sais pas quoi faire. Chaque fois que je fais mine de sortir, il fait mine de me suivre. Je ne peux pas lui dire d'arrêter, il est en fauteuil, j'aurais peur de passer pour un monstre. Finalement j'arrive à m'en dépêtrer,, et je l'oublie. Mais pas lui. Quelques semaines plus tard, je le revois à l'arrêt du tram. Le voilà qui me fait des grands signes et qu'il m'appelle et me supplie. L'épisode se répétera a épisodes régulièrement très embarrassants jusqu'à ce que je quitte Montpellier. Jusqu'au jour ou il me croisa à Avignon, et ou il mit son fauteuil en travers de mon chemin, en me rappelant à son bon souvenir. Ca fait bizarre de devoir hurler à un mec en fauteuil en pleine rue qu'il faut qu'il nous foute la paix. Je l'ai recroisé il y a une semaine, presque 10 ans après notre première rencontre. Il m'a vu, m'a refait ses grands signes de la main, avant de recommencer son cirque de'interpellations et de supplications. J'ai du encore une fois me barrer en courant, en faisant fi de cette dame qui m'a arrêté pour me dire "mademoiselle, le monsieur en fauteuil là, il vous appelle!" et qui m'a regardé fuir un homme handicapé comme si j'étais le dernier des monstres.

Il y a aussi le mec qui va se frotter à toi, pensant que dans le bus bondé tu ne te rendras compte de rien. Ou le mec un peu old school qui va siffler la longueur de ta robe. Ou celui qui va vouloir jouer au chevalier servant, surtout si tu lui as rien demandé.

Puis il y a vous. Les garçons qui vous croyez bien sous tout rapport, et qui, partant de ce principe,  s'accordent le droit de nous aborder, "bon enfant". Vous qui vous croyez drôles et originaux, avec vos commentaires sur nos sourires, nos fringues ou la longueur de nos jambes. Vous à qui on ne peut rien dire, alors même qu'on en pense pas moins, parce vous êtes polis. Vous qui pensez que le "on s'est pas déjà vu quelque part?" ou le "oh mademoiselle, vous avez fait tomber quelque chose de votre sac... non, je rigole, c'était juste pour voir vos yeux" sont d'une finesse et d'une efficacité à toute épreuve. Vous êtes lourds. Vous êtes chiants. Vous manquez cruellement d'originalité (n'oubliez pas qu'on se fait aborder par vous plusieurs fois par semaine. On en a vu passer des techniques de DomJuan des rues). Et surtout, vous êtes irrespectueux. Du moment que vous vous permettez d'arrêter une fille dans la rue pour lui faire une remarque sur son physique, vous lui manquez de respect. Ca ne part jamais d'un bon sentiment. Jamais. Vous êtes en chasse. On est vos proies. Sauf que ne l'oubliez pas, on est un peu plus que des animaux. Vous n'avez aucun droit, ni aucune légitimité à arrêter une fille que vous ne connaissez pas dans la rue pour la complimenter. Quelles que soient vos justifications, elles n'ont aucune valeur. Pourquoi? Parce qu'on ne vous a rien demandé. Et que cette jupe un peu courte, elle n'est pas là pour vous. Ce décolleté un peu plongeant? Il n'est pas pour vous non plus. Ca n'est pas une invitation. Jamais. En aucun cas. Vous ne pouvez pas vous empêcher de complimenter ou d'essayer de séduire les filles qui vous tapent dans l'oeil? Faites comme nous. Allez le faire dans des endroit qui sont fait pour ça. Aborder une fille dans un bar le soir est sans commune mesure avec le fait d'aborder une fille qui sort du carrefour market les bras chargés de courses. Et ce même si elle est habillée, coiffée et maquillée de la même manière.

Soyez honnêtes. Vous êtes vous fait juste une fois, une seule fois, fait arrêter dans la rue par une fille qui vous a complimenté sur votre physique avant d'aller vous proposer un café?

Pour conclure, je n'ai qu'une chose à dire (merci @nosmi)

science fiction

Edit: On m'a fait remarquer qu'il fallait que je nuance mes propos, surtout ceux concernant mon dernier paragraphe. Alors je vais préciser deux ou trois petites choses. Déjà, je ne parle pas pour tous les garçons. Même, je vais vous le confesser, les garçons, je les aime, et beaucoup en plus. C'est étonnant, non? Et je sais aussi que les garçons qui font des compliments désintéressés à une fille dans la rue, je sais que ça existe aussi. Il m'est même arrivé de donner l'heure à un homme et que ça s'arrête là. Disons juste que si je suis autant virulente, c'est que chat échaudé craint l'eau froide. Et que effectivement, je suis devenue extrêmement méfiante. Ma première réaction quand un homme m'aborde dans la rue est forcément défensive. Mes expériences m'ont refroidies, les unes se reproduisant quotidiennement, les autres m'ayant carrément fait flippé. Donc oui, quand un garçon m'aborde dans la rue, même s'il a une bonne raison à ça, ma première réaction est la crainte. La seconde, quand il me fait un compliment, est de me dire "je t'ai rien demandé". Je sais, je suis sur la défensive. Mauvais réflexes, probablement, puisque des innocents payent pour les autres. Mais réflexes qui, si aux yeux de certains ne sont pas pardonnables, s'expliquent par la fréquence et la répétition de situations très inconfortables. 
Donc messieurs, je sais que l'immense majorité d'entre vous êtes des types bien et respectueux. Je m'excuse si certains de mes propos ont pu en déranger quelques uns. Mais malheureusement, ça ne changera pas le fait que parfois, lorsque je sors acheter mon pain, j'ai plus l'impression d'être un sanglier le jour de l'ouverture de la chasse qu'un être humain qui va chercher une baguette. Et que j'attends avec impatience le jour ou il n'y aura plus que des garçons comme vous, respectueux, polis, et ne nous considérant pas comme de la viande, capables d'entrer en communication avec une fille avec innocence, finesse et intelligence. 
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dimanche 29 juillet 2012

Adieu Mark.

Je viens de supprimer mon compte facebook. Définitivement.

J'ai dégagé mon compte comme on enlève une bande de cire sur une aine poilue. A un moment ou même moi je ne m'y attendais pas, pour ne pas avoir le temps d'hésiter. Et quand facebook m'a dit que la suppression de mon compte serait définitive, j'ai ri en pensant à toutes les données me concernant qu'ils avaient encore en stock, puis j'ai validé sans le moindre état d'âme.

Comme tout le monde, ça fait un moment que je me dis qu'il faut que j'arrête. Mais je n'ai jamais sauté le pas. J'avais toujours une bonne excuse. Facebook, c'est pour mon blog. Facebook, c'est le seul lien de contact que j'ai avec certaines personnes.

Bullshit.

Je n'ai jamais été capable d'invoquer d'autres "bonnes" raisons de rester sur facebook. Et en plus de ça, aucune d'entre elles n'est vraie. Si je regarde les statistiques de mon blog, non seulement elles sont loin d'être affolantes, mais en plus de ça, seule une infime partie de mes visites vient de facebook. Quant à la question du contact. Il y a certes des gens avec qui facebook est mon seul point de contact. Mais est ce que je communique avec eux? Non, jamais.

Alors pourquoi être restée sur facebook aussi longtemps? Pour de mauvaises raisons. Uniquement des mauvaises.

En premier pour tromper mon ennui. Dès que mon esprit se met à divaguer une seconde, je vais sur facebook, regarder les actualités de mes "amis". La plupart du temps, je n'y apprend rien, je ne découvre rien. Mais c'est plus fort que moi, dès que mon esprit se décolle c'est sur facebook que je le retrouve, à regarder défiler d'un oeil de poisson mort des actualités toutes plus insignifiantes les unes que les autres.

J'y vais aussi pour me mettre en scène. Des liens soigneusement sélectionnés, des photos tirées sur le volet, des commentaires et des "j'aime" soigneusement distillés, des statuts exagérément travaillés. Sur facebook, je veux être cette fille parfaite, cultivée, intelligente, drôle et jolie à qui il arrive tant de choses incroyables. Qu'importe si dans la vraie vie j'ai un QI de moule, que Cauchemar en cuisine me passionne, que je me bidonne au son de mes flatulences ou si j'ai un double menton, un oeil qui dit merde à l'autre, et que l'événement le plus remarquable de ma journée c'est cette piqûre d'araignée sur la fesse. Sur facebook, je me la joue. Je donne libre cours à mes pulsions narcissiques. Soyons honnêtes, je me touche.

Non contente de me tripoter en poussant des petits cris de plaisir, j'en rajoute avec une petite dose de sadisme. Facebook, c'est mon Confessions Intimes à moi. Quel bonheur de pouvoir m'affliger des statuts de untel qui confond son mur facebook et son rendez vous avec son proctologue! Quelle joie d'être scandalisée par unetelle qui raconte les détails les plus sordides de sa rupture amoureuse! Quel plaisir d'être horrifiée par trucmuche qui publie au vu et au su de tous des vidéos de ses enfants nus! Je suis la première à critiquer ceux qui se gargarisent de ses realityshows, mais ce qu'ils cherchent en regardant ces émissions putassières et de mauvais goût, je le trouve sur facebook. Ca me rassure, de voir que vous êtes (selon des critères que je me suis arbitrairement fixés afin qu'ils m'arrangent) pires que moi.

Facebook, c'est une sale petite habitude, qui me renvoie forcément au pire de ce que je peux être. Une réac moralisatrice et prétentieuse, toujours prompte à porter des jugements, mais incapable de se remettre en question. Une sale petite habitude que j'adore, comme on adore gratter un bouton de moustique jusqu'à avoir des morceaux de peau sous les ongles et du sang plein les doigts. Alors forcément, il arrive que ça se retourne contre moi. Le commentaire de trop, la mauvaise personne à blacklister, le statut mal interprêté. Je ne compte pas le nombre de facebookgate aux conséquences parfois très dures qui ont jalonné ma vie depuis 2007. Pourtant, rien jusqu'à aujourd'hui ne m'a conduit à l'irréparable. Fermer définitivement mon compte, et dire adios aux notifications.

Alors pourquoi aujourd'hui?

Aujourd'hui, ça a été la goûte d'eau qui a fait déborder la piscine olympique. Le commentaire de trop. Celui qui a outrepassé les limites de ma vie privée et de la décence. Quelqu'un que je connais "en vrai" s'est permis de porter un jugement sur ma vie intime, qui ne regarde que moi et ceux que j'estime être directement concernés a un endroit qui ne s'y prêtait pas. Dans ce commentaire, il ne parlait pas que de moi. ça m'a mis dans une rage folle. Pour qui est ce que tu te prends pour te permettre de faire ce genre de commentaire? Ou est ce que tu te crois pour parler ainsi de mon intimité? Qui tu es pour te permettre de juger la manière dont j'organise ma vie? De quel droit est ce que tu me donnes des leçons de morale?   Je n'ai vu ce commentaire que quelques heures après qu'il ait été posté.

Au début, j'ai répondu, pour voir comment il réagirait. Puis, quelques secondes après, j'ai supprimé le post. Et là j'ai réfléchi, et j'ai compris. Ce commentaire désobligeant, je l'ai cherché. En me mettant en scène, en étalant un pan de ma vie tout en ayant la prétention de croire que je pourrais cloisonner. C'est impossible. Si on peut maîtriser l'image qu'on veut donner, on ne maîtrise pas celle qu'on a de nous.

Je sais que se sera dur. Le sevrage me demandera un peu de temps. Il va falloir que j'oublie ces sales petits réflexes. Mais cette fois, j'en suis sûre. Je ne reviendrais pas.

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