vendredi 30 novembre 2012

Lettre à mes couilles

Mesdemoiselles,

Je n'ai jamais eu l'honneur de vous rencontrer. Et pour cause. Alors que mes gènes étaient en cours d'organisation, vous avez décidé de passer votre tour, laissant votre place à mon abricot. Vous êtes alors allées vous réfugier dans le slip de quelqu'un d'autre.

Je ne vous en veux pas. J'aime bien être une fille. Malgré les règles douloureuses, et mes seins qui réussissent l'exploit d'être trop petits et de néanmoins me faire mal dès que je me mets à bouger un peu trop fort. J'irai même plus loin: ce que j'aime le plus dans ma féminité, c'est collectionner les clichés genrés. J'aime mettre du vernis à ongles et des chaussures à talon. J'aime passer des heures à m'occuper de mes cheveux (que j'ai longs et doux, forcément). J'aime les jolies robes, les produits de beauté, et les échantillons de parfums. Je pourrais à priori me contenter de mon sexe et ne jamais penser à vous.

Malheureusement, plus le temps passe, moins j'y arrive. Même si pour rien au monde je ne changerai d'entrejambe aujourd'hui, je peux pas m'empêcher de penser que si vous aviez décidé de vous pointer en lieux et place de mon vagin, les choses auraient été plus simples.

Parce que ce n'est pas facile d'être une fille de nos jours. D'autant plus quand comme moi on est adepte de l'équité.

Je ne suis pas féministe. Du moins je n'en ai pas l'impression. Je n'adhère à aucune association. Je ne connais que très succinctement l'histoire de ce mouvement, ma culture dans le domaine reste très limitée. J'ai juste beaucoup de mal avec les injustices, surtout quand elles ont soit disant été réglées quand nos mères ont brulé leurs soutifs dans les années 70, et qu'il ne se passe pas une journée sans qu'une preuve du contraire soit avancée. Pourtant, chaque fois que mon chef de service qualifie cette collaboratrice de mal baisée et que je lui répond que sa froideur professionnelle n'a rien a voir avec sa sexualité, on me répond que je n'ai aucun humour. Chaque fois que je m'insurge de ces jeunes cons qui pour parler de l'intérêt qu'ils portent à une demoiselle disent "si je la choppe, je la viole", on me rétorque que c'est pas grave, parce que c'est des gamins. Chaque fois que je me mets à gesticuler devant ma télé parce que pour vendre des montres deux jeunes femmes à moitié nues se collent contre un homme au regard lubrique, on me dit que j'en fais trop. Quand j'ai été scandalisée qu'on me demande en entretien d'embauche si j'envisageais de faire des enfants, on m'a rétorqué que c'était plutôt classique et donc pas alarmant. Si c'est féministe que d'avoir le poil qui se hérisse de ce genre d'inégalités rétrogrades, alors peut être que finalement si, je suis féministe.





vous pourriez très bien être là.

Mais voyez vous, mesdemoiselles, chaque jour qui passe, j'ai l'impression que le fossé se creuse entre nous et ceux qui ont l'honneur de vous sentir bien au chaud entre leurs cuisses. Je ne veux pas qu'il y ait de guerre entre nous. Au contraire, je ne demande que de l'amour, universel, équitable et partagé. Ça paraît tout con comme souhait, mais j'ai l'impression de demander la lune. Au quotidien, je ressens cette hiérarchie des sexes. Au bureau, dans la rue. Devant ma télé, sur l'écran de mon ordinateur. C'est parfois franc et massif, comme quand les auteurs de viols collectifs et avérés sur des mineures ont été condamnés à des peines honteusement faibles. C'est parfois plus insidieux, comme quand mon responsable me dit "vous les filles, vous y connaissez rien en informatique" (je m'empresse alors de changer de sexe pour réparer les multiples bugs de sa machine). Parfois, je ne m'en rends même pas compte, comme lors de ces nombreuses soirées mixtes ou les filles se retrouvent à ranger quasiment inconsciemment pendant que les garçons continuent à siroter leurs bières comme si de rien n'était. Ça peut être carrément pervers comme lorsque j'entends les mères comblées de mon entourage me rappeler que notre présence ici bas n'est conditionnée que par notre capacité à procréer: "tu n'es une vraie femme que quand tu as pu donner la vie" aiment elles à répéter. Parfois, c'est ridicule, comme quand un ex mannequin débridé a viré sa cuti en épousant un président de la république avant d'affirmer qu'on a pas besoin de féminisme. Parfois c'est gênant comme ces mauvaises blagues qui circulent sur les dommages et intérêts touchés par Nafissatou Diallo dans le cadre de l'affaire DSK et qui la font passer de violée potentielle (je n'étais pas dans la chambre d'hôtel, je ne sais pas ce qui s'y est passé) à prostituée avérée la plus chère de l'histoire. Et parfois, c'est blessant et humiliant comme quand des deux policiers (dont le métier est d'assurer notre sécurité et notre intégrité et d'être exemplaires) ne sont condamnés qu'à des peines de prison avec sursis pour avoir violé une femme (et que cette femme ait été une prostituée n'est qu'un point de détail qui ne devrait même pas être mentionné). Je ne sais pas d'où vient ce sexisme insidieux et puant, mais je sais que même s'il existe depuis des siècles voire des millénaires, il est culturel (et pas hormonal, n'en déplaise à ceux qui vont vouloir poser cette lettre sur le compte de mes menstrues) et malheureusement très bien entretenu par les hommes comme par les femmes dans toutes les couches de la société. Je sais également que nous et vos propriétaires sommes différents. Mais cette différence ne nous empêche en aucun cas d'être égaux, bien au contraire. Après tout, nous venons de la même souche, non?

Si vous saviez à quel point c'est désagréable de devoir assimiler ce qui semble être une évidence dans nos sociétés occidentales à une lutte! Si vous saviez à quel point c'est fatiguant d'avoir l'impression de devoir se justifier de vouloir ne plus être traité en fonction de son sexe en brandissant les poings au quotidien!

Peut être allez vous dire que je suis une grande utopiste, mais je rêve de ce monde ou notre valeur, notre éducation, la manière dont on est considérés et traités ne se fera plus en fonction de votre présence dans nos anatomies. Vous et nous, on pourrait alors vivre dans la plus parfaite des harmonies (je sais que vous savez qu'on peut bien s'amuser ensemble), et ce consacrer enfin à de vraies causes qui mérites qu'on se battent pour elles.

Je vous embrasse pas, on est en public, et il y a peut être des enfants qui regardent...
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mardi 27 novembre 2012

Chère Carla

Chère Carla Bruni. 

Je cherche mes mots. Comment te dire ce que j'ai sur le coeur sans te vexer? Comment t'avouer le fond de ma pensée sans que tu le prennes mal? Laisse moi réfléchir une seconde...

Ah oui, c'est ça. 

Ta gueule.

En toute simplicité. Ferme la. Voilà.

Ca fait longtemps que je te connais Carla. C'est d'ailleurs pour ça que je me permets de te tutoyer. Quand j'étais petite, j'admirais ta plastique capturée par le papier glacé des magazines de ma mère. Puis, j'ai suivi de loin en loin certaines de tes amourettes, avec parfois une pointe de jalousie (Mick Jagger quand même!). Encore un peu plus tard, j'ai acheté ton album. Je l'écoutais en boucle. Je t'aimais bien, voir même plus, je t'admirais. Un mannequin intello de gauche qui assume sa sexualité, son mode de vie, ces passions. Je te trouvais rock n roll. Je n'irais pas jusqu'à dire que je m'identifiais, mais quand même!
 
Puis petit à petit, je me suis un peu désintéressée de toi. J'ai écouté d'une oreille tes albums suivants avant de passer à autre chose. C'est qu'ils cassaient pas trois pâtes à un canard, tu vois. C'est bien beau d'avoir une voix qui sent le cul et des grands cheveux parfaits, mais c'est pas ce qui va susciter mon intérêt. Alors je t'ai un peu oubliée.
Jusqu'au jour ou j'ai appris que tu fricotais avec notre président de l'époque. Non pas que ta vie sexuelle me passionne, tu couches bien avec qui tu veux. Juste que j'ai eu l'impression pendant un temps d'être une oie que l'on gave à grand renfort de déclarations officielles et d'interventions de Jacques Séguéla. J'avais rien demandé, tu comprends?
Du moment ou tu es devenue Première Dame, tu as commencé à me mettre sacrément mal à l'aise. Je suis pas très à l'aise avec le fait que coucher avec le président puisse donner un tel statut. Qu'il s'agisse d'un président que j'ai choisi ou d'un que je subis. Dans ton cas précisément, j'avais du mal à comprendre ce que toi, l'intello bobo de gauche tu pouvais faire là. Bon après, tu pourras me dire qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, mais avoue que tu nous a fait un sacré volte face. Mais ça ne s'est pas arrêté là. On a commencé à te voir revêtir des tailleurs à la Jackie O et à faire des révérences polies à tous les grands de ce monde. Et s'il est évident que ton époux est a des années lumières de la prestance d'un Kennedy, tu as parfaitement tenu ton rôle de machine à remonter le temps. A chacune de tes apparitions de jolie potiche, je me retrouvais catapultée dans une cuisine en formica à attendre le retour de mon cher et tendre. On peut pas dire que ça me rendait particulièrement heureuse, mais c'est semble-t-il la loi de la démocratie: on élit un président, on doit subir la première dame. 


(à trois j'ai une idée: un... deux... ...)


Quand tu n'as finalement pas été reconduite, j'ai pu pousser un grand nombre de soupirs de soulagement (ne t'inquiète pas, tous ne t'étaient pas destinés). J'étais soulagée. Je ne me sentirais plus obligée de me flageller à chacune de tes apparitions pour me punir de t'avoir un jour appréciée au point d'acheter un de tes albums, puisque apparitions il n'y aurait désormais plus. 
Pardonne moi, j'ai été naïve. J'ai cru que tu partagerais la retraite discrète et dorée de ton époux, et qu'on ne te verrait qu'en de rares occasions à connotation pipolo-caritatives. Et bien non. Il a fallu que tu l'ouvres. Et pour débiter un monceau de conneries plus gros que toi. Je te cite:


Aaaah. Je suis donc ravie d'apprendre que le combat pour la parité a enfin été gagné. Je suis ravie d'apprendre que les hommes et les femmes à compétences et postes équivalents gagnent le même salaire. Je suis ravie d'apprendre que mes seins et mon vagin ne m'empêcheront plus d'accéder aux plus hautes responsabilités. Je suis ravie d'apprendre que les ministres en jupe ne se font plus huer. Je me réjouis d'apprendre que le harcèlement de rue est derrière nous. Je suis soulagée de savoir qu'enfin la question du viol, des agressions sexuelles et du harcèlement a été définitivement réglée. Je me félicite de ne plus avoir à subir des publicités sexistes en 4 par 3 dans les rues ou juste avant le 20h. Je suis soulagée de savoir que mon patron ne me dira plus jamais "mais t'as tes règles ou quoi" si d'aventure je lui réponds un peu sèchement.

Ma chère Carla, que tu kiffes ton statut de bourgeoise casanière, grand bien te fasse. Que tu penses que ta place soit bien au chaud devant ta cheminée en marbre à regarder tes enfants grandit, soit. Mais s'il te plait, garde tes réflexions sur les avancées sociales que nous devons faire ou pas dans ta jarre à cookies en cristal de Baccarat. 

Je t'embrasse pas, j'en ai pas besoin.

Almira
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mercredi 21 novembre 2012

Les liens sacrés.

Dans la série je donne mon avis même quand on ne me le demande pas, et pour continuer à apporter de l'eau au moulin du débat de société le plus important depuis au moins 25 siècles (quand on voit les passions de haine qu'il déchaine), parlons aujourd'hui du mariage.

Pas du mariage pour tous, non. Du mariage pour celui qui veut se marier.

Parce que oui, le mariage est un choix. Enfin, encore faut il l'avoir ce choix. 

Alors se marier, pourquoi faire? 

Si j'en crois mon journal intime de quand j'étais en cinquième que mon visage était ravagé par l'acné et mes dents bardées de métal orthodontique, et que je rêvais de devenir créatrice de longues robes blanches, l'amour. 
Il faut remettre les choses dans leur contexte. A cette époque, ou mon faciès se rapprochait plus du crapaud que de la jeune fille en fleur, je ne rêvais que d'une chose. A mon fier prince, qui m'aimerait enfin telle que je suis, qui pèterait la gueule à tout ces connards qui me jetaient des cailloux à la récré et qui me conduirait jusqu'à l'autel pour fourrer sa langue dans ma bouche avant de me jurer fidélité et amour éternel. A cette époque maudite ou je n'avais pas encore remisé mes Barbie à la seule place qu'elles méritent (le barbecue puis la poubelle), le mariage n'était qu'un évènement. Une parenthèse enchantée, où drapée dans ma robe de satin blanc sertie de perlouses nacrées, tout le monde n'aurait d'yeux que pour moi. Même Dieu, parce qu'il était évident que je me marierai à l'église. D'ailleurs je ne voyais pas l'intérêt de se marier à la mairie, cet endroit chiant où on demande des extraits d'actes de naissance. Je me rêvais en marche nuptiale, en enfants de cœurs joufflus jetant des pétales de roses blanches et en larmes d'émotion. 

Plus tard, j'ai rajouté une ligne à mon mariage. Celui des bébés. Parce que ce qu'il y a de merveilleux avec un mariage princier comme le mien, ce sont les galoches devant les prêtres émus puis les bébés. J'en voulais 24, mais pour ma défense, je ne savais pas encore ce que c'était qu'un bouchon muqueux. 

Encore un peu plus tard, j'ai fait part de mes ambitions matrimoniales à ma mère. Fallait bien que je l'informe, puisqu'elle allait en payer une partie, et que mes ambitions étaient sans cesse revues à la hausse (j'en étais à l'arrivée en calèche, au lacher de colombes et au quatuor à cordes). Ce fut la douche froide quand ma mère m'annonça avec solennité que je ne pourrais pas me marier en l'état à l'église, puisque je n'étais pas baptisée.

Ah putain. 

Tout ce temps, j'avais omis ce détail. Mes parents étaient partis du principe que la religion n'était pas quelque chose qu'on impose, mais quelque chose qu'on choisit. Ils ont donc décidé (bien que venant d'une famille de culture plutôt catholique) de ne pas me baptiser, pour que je puisse faire moi même un choix, en mon âme et conscience, quand le moment serait venu. Il était arrivé ce moment. Ma mère me dit donc que si je voulais me marier à l'église, il fallait que je sois catholique et baptisée, et que dès demain, elle m'inscrirait au catéchisme. Dont acte. Je me rendis donc guillerette à mes premiers cours de catéchisme. Et ce fut la révélation. La religion, du moins celle là, n'était pas faite pour moi. Elle ne répondait pas à mes questions. Sa philosophie ne me convenait pas. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'on m'apprenait, et j'ai vite demandé à ma mère de ne plus m'y emmener. 

"Mais et pour ton mariage?" m'a-t-elle demandé.

Ah ouais, celui là, c'est vrai. Pour me consoler, elle m'a dit que certains prêtres acceptaient de marier des couples même quand l'un des conjoints n'était pas baptisé. Mon rêve de gamine était sauf, je l'ai donc laissé en l'état durant de longues années. 

Puis j'ai grandi. J'ai appris, j'ai lu, j'ai écouté. J'ai forgé ma personnalité. Et j'ai réalisé que la religion n'était pas pour moi. C'est évidemment quelque chose d'éminemment respectable, mais ça n'est pas pour moi. Je me suis découverte un profond et irrémédiable athéisme (même s'il ne faut pas dire "fontaine, je ne boirais pas de ton eau"). Et j'ai expérimenté la vie de couple, pour la première fois. Alors forcément, au bout de quelques mois de papouillages, la question du mariage a été remise sur le tapis. Le garçon m'a dit que son mariage serait à l'église. Je lui ai dit que je n'étais pas baptisée. Il m'a dit que c'était pas grave, que je pouvais le faire, juste pour le mariage, pour faire plaisir à sa famille plutôt tatillonne sur le sujet.

Hors de question. Il est absolument hors de question que je prête serment devant un type auquel je ne crois pas pour faire plaisir. Ce serait mentir dans un lieu ou par essence mentir est proscrit. Je suis athée, mais je respecte profondément les croyants. Et à ce titre, il est absolument hors de question que je me marie dans un lieu de culte en mentant comme un arracheur de dents. 

l'angoisse selon Almira, fig. 1


Restait la Mairie au pire. Mais là aussi, je me suis posé la question. Pourquoi faire? Et j'ai repensé à cet argument dont on nous rebat les oreilles depuis quelques jours: l'INSTITUTION. Le mariage est une institution. On sent bien le vocable bien lourd. C'est une responsabilité. Un engagement. C'est pas un truc pour rigoler. C'est un truc sérieux. Le mariage il était là bien avant toi, et il sera là bien après. Un bon gros bloc de pierre, impossible à secouer. C'est d'ailleurs le seul mode de conjugalité institutionnalisé.  Le mariage est l’acte public et solennel par lequel un homme et une femme s’engagent l’un envers l’autre dans la durée, devant et envers la société, pour fonder ensemble un foyer. Ouais... mais non. Plus je tournais et retournais la question dans ma tête, moins cette définition me convenait. 

Aujourd'hui, je sais. Je ne veux pas me marier. Je ne veux pas d'un engagement qui soit plus lourd que l'amour que je porte à mon conjoint. Je n'éprouve pas le besoin que la société reconnaisse mon union. Je n'ai pas envie d'entrer dans cette institution que je trouve poussiéreuse et inadaptée à ma conception du couple et de l'amour. Je ne suis pas certaine d'avoir cette volonté de me comporter comme une épouse. Et je n'ai pas plus envie que mon mec se comporte comme un mari. Probablement en partie parce que je sais que si mon amoureux et moi on en a un jour besoin ou envie, on pourra demander à monsieur le Maire de nous unir en nous jetant du riz au visage sans trop de difficultés. 

Aujourd'hui, je refuse donc l'institution du mariage. Mais c'est parce que j'ai le droit d'y entrer. De la même manière que je peux décider de ne pas vouloir d'enfants si tel est mon désir. Le droit, et non le devoir. Pour autant, je n'ai pas l'impression d'être une mauvaise citoyenne. Je m’acquitte de mes devoirs, même de ceux qui me font le plus suer. Une citoyenne lambda quoi.

En tant que citoyenne tout ce qu'il y a de plus normale (au sens hollandais du terme), je peux donc décider si oui ou non je peux bénéficier des droits que m'accordent notre république laïque. 

Après, il y a deux autres catégories de citoyens un peu moins normaux que moi. Les homosexuels, puisqu'ils ont moins de droits que moi (mais finalement autant de devoirs). Et les élus, qui ont plus de devoirs que moi (notamment et prioritairement celui de faire respecter et/ou appliquer toutes les lois de la république, où que soit leur conscience) et logiquement tout autant de droit (même si certains s'en accordent des supplémentaires)

 Encore une fois, la notion de "normalité" reste un concept qui aurait besoin d'un bon coup de propre. Et quitte à la nettoyer, autant en profiter pour filer un coup de dépoussiérage à toutes ses institutions discriminantes et d'un autre temps.
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jeudi 8 novembre 2012

vivons heureux, vivons joyeux, vivons gay

Je suis une fille à la générosité sans pareille.

Exemple: tu ne me demandes pas mon avis? Hé bien je te le donne quand même. La générosité on te dit.

Aujourd'hui, par exemple, je vais te donner mon avis sur le mariage pour tous et l'adoption pour les couples homoparentaux. Ça fait longtemps que j'y pense, que ça me travaille. Tu comprends, je ne voulais pas t'embêter avec mes opinions. Mais là, je suis à bout. Nous sommes à quelques semaines de la fin du monde, et je ne peux plus garder ça pour moi. Le mariage pour tous et l'adoption pour les couples homosexuels?

Je m'en tamponne le coquillard.
(ou plutôt, "je m'en claque les escalopes")

Voilà, c'est dit.
Et pour être tout à fait honnête, vous (et par vous j'entends les médias, les politiques, les collègues qui s'indignent à la machine à café, twitter) commencez à me les briser sévère.
Pour ou contre le mariage gay, pour ou contre l'homoparentalité, vous croyez pas qu'on a d'autres chats à fouetter? Genre le chômage, la hausse de la précarité, la crise, les pointes fourchues, les collants qui filent? Vous avez pas un peu l'impression que vous faites tous joyeusement le tour de l'arbrisseau qui cache la forêt de baobabs?

En quel honneur ces deux questions pourraient relever d'un débat national, voire, comme certains le préconisent, d'un référendum?

Un débat national, c'est bien quand il est question d'un fait qui concerne l'ensemble de la population. En l’occurrence, si Jean Roger épouse Bernard, ben ça me fait une belle jambe. Si en plus Claudine épouse Marie Françoise, ça m'en fera une seconde et je pourrais enfin danser la carmagnole.

D'aucuns pourront avancer la question de la norme sociale. Certes. Mais cette norme, elle se base sur quoi? Est ce que ce qui est normal pour moi l'est aussi pour ma voisine? Le mariage par exemple est une institution, à laquelle certains ne veulent pas toucher. La norme, c'est qu'un homme et une femme se marient. Certes, mais dans ce cas là, moi, qui en l’état actuel des choses me sens autant attirée par le mariage que par l'ultimate fighting (bien que vivant en couple avec le sexe opposé), je ne suis pas dans cette norme. Suis je pour autant hors la loi? Bah non mon bon monsieur. Alors pourquoi est il parfaitement toléré que je me refuse à intégrer cette institution, quand on refuse à certains d'y entrer?
D'autres brandissent l'argument de la religion. Messieurs dames croyants, bigots et autres gens de foi, vous comme moi sommes allés à l'école. Vous comme moi savez donc que la France est un pays laïc depuis la révolution française. Or, quand il est question de Mariage pour tous, il n'est pas question de mariage pour tous et partout. Que le mariage homo vous pose un souci, et que vous ne souhaitez pas qu'il soit célébré dans votre culte peut être compréhensible. Mais c'est pas le sujet, puisqu'il est question de mariage CIVIL et donc REPUBLICAIN et donc LAIC.
Il y a ensuite l'argument des dérives. Si on peut se marier avec quelqu'un du même sexe aujourd'hui, le monde va sombrer dans le stupre et la décadence. Mais bien sûr les gars. Et si moi je me marie, je deviens Betty Draper? A croire que tous les homos n'attendent que de pouvoir se marier afin de conquérir le monde à coup de sodomies, de zoophilie, de pédophilie, et j'en passe et des meilleures. Comme si les déviances sexuelles étaient l'apanage des homos et qu'ils n'attendaient qu'une poignée de riz jetée à la sortie des mairies pour les répandre sur le monde. Je vois d'ici Jean Roger se frottant les mais en disant à Bernard:

- Hin hin hin, quand ces crétins de députés auront fait passer la loi sur le mariage pour tous, nous pourrons conquérir la planète à coup de SM et de cuir moulant, mouahahahahaha

Soyons sérieux une seconde. Il est juste question que deux personnes qui veulent se marier puissent le faire. Je n'ai entendu nulle part que la loi obligerait l'intégralité de la population à épouser quelqu'un du même sexe!

Parlons maintenant de l'autre sujet qui fâche. L'homoparentalité. Pour certains, il est évident que si Claudine et Marie Françoise élèvent un enfant, cela finira forcément par en faire un psychopathe assoiffé de sang, ou PIRE, un homosexuel. Par contre, si moi demain je vais me faire sauter dans les chiottes du Macumba night par un inconnu dont je n'aurais même pas vu le visage que je tombe enceinte et que je décide de garder l'enfant, ça ne posera de problème à personne, puis qu'aucune loi ne m'en empêchera.
Il semblerait que le papa et la maman soit la norme (la revoilà celle là), sauf que dans une société ou un mariage sur deux se solde par un divorce, permettez moi de me bidonner. Avoir un papa et une maman, c'est certes ce qu'il y a de plus courant. Mais aujourd'hui, les schémas se multiplient. Il y a les gardes alternées, il y a les un week end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Il y a les parents qui s'accordent et ceux qui communiquent à coup de mains courantes. Il y a ceux qui font ce qu'ils peuvent, et ceux qui s'en foutent. Les choses évoluent et se modifient. Alors une norme? Où ça une norme? Et je me dis que vu les difficultés que rencontrent les homos pour faire des enfants, je ne vois pas comment ils pourraient être de plus mauvais parents qu'un couple hétéro pour qui la chose est biologiquement plus évidente. Après tout, c'est quoi être parent? C'est apprendre à un enfant à être un adulte digne. Je ne vois pas comment et pourquoi deux hommes ou deux femmes pourraient moins bien s’acquitter de cette tâche qu'un homme et une femme.De surcroit, on vit dans une société relativement bien outillée pour parer aux défaillances parentales (qui à mon avis sont exclusivement des problèmes d'individus, et jamais des problèmes d'appartenances à un sexe ou à un autre).

Alors débat de société, mon cul. Quand la loi sur le harcèlement sexuel a purement et simplement disparu et qu'une autre loi a été proposée, ça n'a créé aucun remous nulle part. Pourtant il y aurait eu à débattre, il y en aurait eu des choses à dire. A croire que deux personnes du même sexe qui veulent se marier et avoir des gosses empêchent bien plus à notre société de fonctionner qu'un(e) patron(ne) qui abuse sexuellement de ses employé(e)s. Et il y a bien plus de voix qui s'indignent contre les homos que de voix qui se sont indignées sur le procès de Créteil. Personnellement, je trouve ça extrêmement parlant, et donc foutrement inquiétant.

Tout ça pour dire que oui, le mariage pour tous et l'homoparentalité, je m'en contre cogne. Pour moi tout ceci ne devrait être qu'une formalité. Donc qu'on fasse ce qui doit être fait pour que tout le monde soit enfin logé à la même enseigne et qu'on passe enfin aux vrais sujets de fond.

Merci.
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